vendredi, mars 17, 2006

Un charron

Un charron: "

''Tous les mots de la famille de charrette prennent deux R sauf chariot''. Cette règle de grammaire, que j’ai encore en tête, m’a permis de toujours correctement orthographier le métier de mon grand-père, charron.

Tout à l’heure, sous une chaleur et un soleil auxquels je ne suis plus habituée, je me suis promenée dans le village où j’habite, et avec étonnement, j’ai vu dans un jardin potager un objet que je n’avais jamais vu auparavant, puisque le propriétaire devait le tenir habituellement rangé dans un hangar': une petite charrette aussi volumineuse qu’une brouette, qui manifestement avait été fabriquée par mon grand-père. Je les reconnais du premier coup d'œil, même si je ne peux pas vous dire pourquoi': des courbes bien spéciales, des méthodes d’assemblage particulières, que sais-je'? Le bois reposait sur un essieu de voiture ancienne. Mon grand-père faisait beaucoup de transformations, et d'utilitaires sur mesure.

Mon grand-père. Orphelin de guerre -son père est gravé aux monuments aux morts de mon village-, plutôt hercule que gringalet jusqu’à un âge avancé, se promenant en tenue de travail -avec ses éternels ''esclops'', sabots en occitan, et des feutres dedans, un grand tablier bleu foncé noué autour des hanches, le béret vissé sur le crâne-, parlant couramment ''patois'', une passion pour le billard français, la belote et le vin blanc assorti, un goût affirmé pour les copains et toujours un mot pour rire.'A 85 ans, il commençait souvent ses phrases par': ''Comme je suis juste à la moitié de ma vie, …''

Il me manque.

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(Via Conteuse.)